Qu’est-ce que l’économie sociale et solidaire ?

L’expression « économie sociale et solidaire » désigne un éventail d’organisations qui se distinguent des entreprises conventionnelles à but lucratif par des préoccupations et objectifs économiques, sociaux et environnementaux explicites, et qui sont impliquées dans diverses formes de relations coopératives, associatives et solidaires.  

Un facteur de diversification

L’économie sociale et solidaire englobe un large éventail d’organisations en tout genre : coopératives, associations mutuelles, ONG engagées dans des activités génératrices de revenus, groupes d’entraide de femmes, agriculture communautaire, associations de travailleurs du secteur informel, entreprises sociales, réseaux de commerce équitable, etc. Elle présente d’ailleurs de forts indicateurs commerciaux, macro- et socio-économiques, comme le démontre un rapport de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) de 2011.

Ainsi, en Europe, 2 millions d’organisations d’économie sociale et solidaire représentent environ 10% de l’ensemble des entreprises. En Inde, plus de 30 millions de personnes (principalement des femmes) sont organisées dans plus de 2,2 millions de groupes d’entraide ; et la plus grande société de commercialisation alimentaire du pays, l’organisation coopérative Amul, compte 3,1 millions de membres producteurs, générant un revenu annuel de 2,5 milliards de dollars. Au Népal, 5 millions d’utilisateurs de la forêt font partie de la plus grande organisation de la société civile du pays. Le marché mondial du commerce équitable pèse ainsi plus de 5 milliards d’euros et bénéficie à environ 1,2 million de travailleurs et d’agriculteurs produisant des produits certifiés. La consommation de produits issus du commerce équitable poursuit son ascension rapide en France avec une croissance de 42,8% en 2016 par rapport à 2015. Les filières internationales sont également en forte croissance : + 21% en 2016. Pour cette même année, les ventes en France de produits issus des filières internationales de commerce équitable totalisent 673 millions d’euros et celles de produits issus des filières françaises 275 millions d’euros. Quant aux mutuelles, elles fournissent des services de santé et de protection sociale à des dizaines de millions de personnes de par le monde.

Le monde a besoin de nouveaux modèles de développement

L’économie sociale et solidaire peut être un mécanisme clé par lequel les pauvres et les personnes démunies ont la possibilité d’acquérir un plus grand contrôle sur les ressources et les processus de prise de décision qui affectent leur vie. Les économistes et les politologues s’accordent à dire que les avantages qui peuvent découler de l’économie sociale et solidaire sont de nature à remédier aux défaillances et injustices sociales mais aussi économiques dont pâtissent notamment les populations du tiers monde. Quant aux sociologues, ils énumèrent les vertus de cette économie en matière de cohésion sociale, de satisfaction professionnelle et même d’identité. En effet, l’économie sociale et solidaire renforce l’attachement des bénéficiaires à leur terre et endigue ainsi les phénomènes d’exode rural ou encore d’immigration clandestine.

Par ailleurs, l’intérêt que représente de nos jours l’économie sociale et solidaire est également lié au fait que le monde a besoin de nouveaux modèles de développement qui prennent en considération les changements climatiques et l’explosion de la démographie à l’échelle planétaire, car dans un futur plus ou moins proche, l’humanité devra faire face à des crises multiples et récurrentes d’ordre financier, alimentaire et énergétique d’où la notion de développement durable. L’économie sociale et solidaire est également appelée à répondre entre autres à certaines questions clés liées à l’égalité des sexes, à la détérioration des écosystèmes écologiques, ainsi qu’à la transformation des modes de production et de consommation. L’attrait théorique de l’économie sociale et solidaire dépend grandement de la manière dont ces questions seront traitées, de manière à favoriser à la fois le dynamisme économique, la protection sociale et environnementale, et l’autonomisation sociopolitique des franges les plus vulnérables de la population mondiale. Préparer de nouveaux profils, issus du  bachelor développement et économie responsable de l’école 3A et à même de participer au traitement de ces problématiques est désormais une priorité.